Les Fiançailles de Rosalia et Jeffri
Trekking (et surtout fêter) hard dans la Crocker Range

par Herman, 2009

 The Flying Dusun Blog!


Du trekking dans la jungle de Bornéo est toujours plus agréable si on sait qu’au bout vous attend une fête ! Dans le cas le plus récent pour moi c’étaient les fiançailles de mon ami Jeffri avec son élue, Rosalia. Les fiançailles, ainsi que les mariages se célèbrent toujours dans le village et la maison de la jeune fille, et Rosalia vient d’un hameau particulièrement bien caché dans le parc national de Crocker, à six heures de marche de la prochaine route : Pongobonon. En fait, ce village n’est sur aucune carte car ce ne sont que quelques maisons dans un vaste territoire, et les voisins habitent du genre deux heures de marche l’un de l’autre !

Voila les fiançailles du 20 & 21 décembre 2008 en images :


Jeffri est au milieu, avec la hure. Pour les fiançailles il faut tuer au moins un cochon, pour le mariage un buffle ! Puis d’innombrables poules, et le tout est arrosé de quantités inouïes de vin de riz…

Le cochon est détaillé sans respect pour les coupes élaborées de la cuisine française… le travail est partagé, un qui coupe, un qui s’occupe de la coupe…

 



Nous avons acheté que du sel, de l’huile, les sauces et des épices, et autres préparations de base, tout le reste venait de la jungle. Même pas du jardin ! Les indigènes de ces régions ne cultivent toujours que du riz, le reste se trouve dans la jungle : à gauche dans l’image le cœur du palmier céleri, à droit la mère de Rosalia qui prépare du cresson sauvage.
 

 


Cuisine traditionnelle avec tout ce qu’il faut ! Pas de gaz, naturellement… tout est préparé sur un feu ouvert, au dessus duquel il y a un étalage en bambou pour fumer / sécher des viandes (singes, chats sauvages, serpents…) et du poisson.

 



Quelques gars sont allé à la pêche, voila le résultat d’une demi heure dans la rivière avec épervier devant la maison ! Devant la maison ! Nous avons bu l’eau de la rivière même, sans la faire bouillir… Y a-t-il des cois sympa dans le monde ?

 



Le fruit du « tompu », le gingembre fleur de porcelaine. Ce n’est pas seulement la fleur qui se retrouve en cuisine, les fruits se mangent également. Il est très acidulé et me rappelle fortement la rhubarbe. Lorsque je voyais le poisson si frais, j’avais une envie incroyable d’en manger cru. Cela n’a pas outragé les autochtones, ils n’en étaient même pas étonnés. Il m’on fait tout de suite une espèce de sushi indigène que l’on appelle « hinava » mais « façon maison » pour de vrai : pas de citron mais du tompu pour macérer le poison !

 



Vers deux heures de l’après midi les négociations ont commencées. Ce sont des affaires terriblement sérieuses et longues, pourtant la « nopung », la dote que Jeffri doit payer pour la fille et le prix de la fête du mariage étaient connus depuis longtemps. Mais cela fait partie de la tradition et c’était un moment calme dans la maison, déjà remplie d’une cinquantaine d’invités ! La dote traditionnelle pour la fille est RM1000, et la fête – le mariage propre – coûtera RM4000 selon les estimations du pere de Rosalia. Ce dernier montant peut varier, seulement la dote est normalement fixe. Donc ce mariage, dont la date n’est pas encore fixe, coûtera Jeffri RM5000, environs €1000. Pour comparaison, Jeffri, qui travaille chez moi, gagne RM550 par mois (logement et nourriture inclus).

Dans la photo Jeffri présente RM3000 à la maman de Rosalia, le premier versement demandé par ses parents.

 



Apres les négociations suit le repas, suivi de quelques seaux de vin de riz, croyez moi, c’est traditionnel ! Dans la maison le vin de riz est toujours fermenté dans des jarres anciennes. La plus précieuse que j’ai pu voir dans le garde-manger c’était une « panding tiga ». Une jarre vietnamienne du 16ème siècle, qui a trouvé son chemin ici je ne sais comment. Si elle pouvait parler… ! J’ai pris des photos de ce garde-manger avec les jarres mais pendant les fêtes cet endroit n’a pas l’air trop appétissant. Dans les maisons ici il y a des pièces dont il vaut mieux ignorer l’existence avant de venir… par contre la salle de bains était 5-etoiles ! Une vraie toilette – je ne sais pas qui c’est chargé de porter une cuvette en porcelaine pendant six heures par la jungle – mais Jeffri a construit un cabinet en bambou autour, avec dalle en ciment, et une douche « normale » attachée ! Vue sur la rivière pendant vos besognes, incroyable !

 



Jeffri avec son futur beau-père. Evidemment les affaires se déroulent à la satisfaction de tout le monde !

 


La fête continue jusqu’au petit matin, et puis encore. Il y en a qui dorment, les autres continuent de boire. C’est comme cela…

La maison des parents de Rosalia est assez vaste, mais pendant les grandes fêtes même les voisins (rappelons-nous, ils sont à au moins deux heures de marche), y dorment. Mais pas de soucis, ici nous n’avons pas besoin de lits ou encore de draps propres, on se couche là où on tombe – très fréquemment ! Le résultat est l’image d’un désastre si on ne sait pas ce qui c’est passé… 

 


Lorsqu’on se réveille, au milieu de la nuit, on se demande fréquemment où sont les débris qui ont causé tant de dégâts avec nos têtes… (image de gauche). Mais pas pour longtemps (milieu)… un vissage connu, ou pas connu peu importe, vous apporte avec un gros sourire un rafraîchissement. Non, ce n’est pas votre bircher muesli traditionnel, pourtant cela présente à-peu-près la même apparence et consistance : c’est du riz fermenté avec un peu d’eau. A quatre heures du matin cela a le goût suivant (image de droit). Faut élaborer ?

 

Qui s’en moque ? Les enfants, qui s’amusent 24-24 !

 


4 heures du matin ! Ou huit heures du soir ? Quel jour, le jour des fiançailles, ou le lendemain ?

 


Le lendemain après la deuxième journée de fête – les fiançailles durent au moins trois jours – nous avons décidé de faire un petit BBQ imprévu sur la rivière tout juste en bas de la maison. Encore une poule qui a du mourir pour nous, et dans nos éperviers il y avait plein de poisson tout frais. Eh oui, dans le seau il y encore du riz fermenté… Aramai-tii !

 


La petite a cinq ans. Sa sœur Rosalia lui a donné un poisson pour l’écailler et vider, ce qu’elle a fait sans mot dire. 5 ans !

 


Au bout de quatre jours j’ai du rentrer. C’est la rivière qu’il fallait traverser à gué je ne sais combien de fois. Mais que c’est beau !

 


Evidemment il fallait s’arrêter chez le voisin (à deux heures de marche, pause justifiée), et comme c’était Noël il y avait à boire… j’y ai retrouvé un nombre des invités des fiancailles, dont quelques uns déjà comateux à onze heures du matin. Oui, c’est la saison des fêtes, définitivement. Et faut bien célébrer ces moments avec quelques excès bacchanales car la vie dans ces régions lointaines n’est pas facile. Un petit aperçu d’une rizière dans une colline. Ils vont récolter le riz bientôt :

 


Elle sont vaste, leurs rizières, et c’est du travail. J’y ai travaillé, moi aussi, pendant une saison, et si vous avez jamais fait les vendanges, vous en avez une idée… La vie dans la jungle, et si vous habitez à six heures de marche de la prochaine route n’est pas facile, et pourtant ces gens y survivent, plus que cela : ils ont le temps de vous recevoir avec une gentillesse et de la générosité qui surpasse tout ce que l’on peut imaginer !
 

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