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Histoire
Préhistoire et protohistoire
Peut est connu de la préhistoire du Sabah car les
archéologues trouvent peu d’articles et éléments significatifs de la préhistoire
de Bornéo en général. Il est maintenant accepté que l’homme moderne découvrit
Bornéo il y a quelque 50,000 ans et s’installa dans certaines régions proche de
la côte ou il vivait dans des groupes de chasseurs-cueilleurs, pêcheurs et
collecteurs qui exploitaient les ressources naturelles disponibles sans les
maîtriser. Le plus important site archéologique au Bornéo, les grottes de Niah, est
au Sarawak où Tom
Harrisson trouva dans les années 1950 et 60 un crâne de 40,000 ans. Au Sabah les sites les plus importants sont les grottes de
Madai et de Gomantong, et l’ancien lac Tingkayu. Plus de site existent certainement
mais il manque un intérêt général non seulement dans la préhistoire mais dans
tout ce qui est historique et par conséquence il manque la mise en œuvre de
sondages et diagnostics archéologiques, de fouilles (aussi de fouilles de
sauvetage ou fouilles préventives dans un cas de découverte accidentelle d’un
site d’intérêt historique) et tout autre mesure de sauvegarde de l’héritage
préhistorique.
Le peu que nous connaissons de la protohistoire se résume en vitesse : dans le
IXe siècle les ethnies au Sabah étaient regroupées par tribus égalitaires, des
chasseurs de têtes occasionnels qui troquaient avec les Chinois par
l’intermédiaire des tribus bajau. Les marchands chinois et musulmans
appréciaient les richesses naturelles de la jungle de Bornéo : du rotin et
bambou pour la construction et la fabrication d’artisanat, des plumes pour
l’accoutrement des nobles, bezoar et cornes de cerfs pour les préparations
médicales, des cornes de rhinocéros comme aphrodisiaque, le casque des calaos (jadis
prisé comme de la « jade d’or » parmi les sculpteurs chinois), du camphrier et
autres bois précieux, du miel et de la cire, et du sagou. Des grottes venaient
les nids de salanganes pour la fameuse spécialité chinoise « soupe aux nids
d’oiseaux » et du gypse. De la mer venaient des écailles de tortues, du corail
et des coquillages, des nageoires de requin, des concombres de mer, des méduses
et autre spécialités comestibles ainsi que de la médicine.
Dans le XVe siècle Sabah était un tributaire du royaume du Sultan de Brunei. En
1521 la armada de Ferdinand Magellan arriva à Brunei ou Pigafetta rencontra le
Sultan. Plus tard la flottille fut réparée dans le Nord de Sabah, sur les îles
de Balambangan et Banggi. En 1704 le Sultan de Brunei céda les territoires de la
Côte Est au Sultan de Sulu mais le reste du nord de Bornéo demeura sous sa
dominance. Les deux sultans exerçaient un contrôle à caractère plutôt nominal
sur Sabah, surtout le long du littoral. Leurs pengirans ou administrateurs
collectèrent seulement des taxes des tribus de l’intérieur, très souvent des
chasseurs de têtes fréquemment engagés dans de petites guerres entres tribus.
Les sultans supportèrent également la piraterie qui leur fournit des esclaves et
des richesses pour leurs courts.
Les chasseurs de têtes étaient les Kadazandusun ainsi que les Murut de
l’intérieur ; les pirates étaient les anciens « gitans de la mer », les
Illanun, Balinini, Obian, Bajau et Suluk, qui étaient tous originaires du Sud des
Philippines. Leurs vaisseaux étaient larges, pouvant accommoder une centaine de
guerriers, et fortement armés. Les refuges des pirates les plus connus au Sabah
étaient dans la baye de Marudu et les îles Tunku près de Kota Kinabalu présent.
En 1685 le premier Anglais visita Sabah, le Capitaine Cowley. Il inspecta les
îles dans le Nord du Sabah, Banggi et Balambangan et s’y installa quelque temps
pour y troquer avec les indigènes.
Dans les années 1760 Alexander Dalrymple et James Rennell visitèrent Bornéo et
notèrent Sabah.
En 1773 la compagnie Anglaise « East India Company » créa un poste d’activités
commerciales sur Balambangan qui fut attaqué et détruit deux ans plus dans une
invasion de pirates. Subséquemment les Anglais abandonnèrent le poste.
La piraterie dans les eaux de la Mer de Chine Méridionale ne cessa que lorsque
Raja Brook de Sarawak, un aventurier anglais avec des contacts personnels avec
le Sultan de Brunei persuada le gouvernement de supprimer la piraterie dans
l’intérêt des nations colonialistes. En 1846 le Sultan de Brunei céda l’île de
Labuan sur la côte Sud-ouest du Sabah aux Anglais pour en faire une base pour
leurs opérations contre les pirates. Le dernier refuge de pirates au Sabah, les
îles de Tunku, fut détruit en 1879.
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La compagnie anglaise du Bornéo septentrional (the North Borneo
Chartered Company)
En 1865 Claude Lee Moses, un marchand américain et ambassadeur des Etats-Unis au
Brunei obtint un crédit-bail du Sultan de Brunei sur les territoires du Bornéo
septentrional. En 1881 le leasing passa à Alfred Dent, le directeur d’un
commerce important à Hong Kong, et fut transféré en une cession. Parmi les
associes de Dent était le Baron de Ovenbeck, le consul général d’Autriche qui
était dans la possession d’un crédit-bail du Sultan de Sulu pour ses territoires
sur Bornéo depuis 1878 ; Sir Rutherford Acock, qui devint le premier président
de l’association provisoire chargé des négociations avec le gouvernement anglais
; et Mr Richard Martin, un membre de l’institution financière du même nom. Le
Sultan de Brunei installa Sir Alfred Dent comme régent et souverain de Sabah,
avec les titres de Maharaja de Sabah et Raja de Gaya et Sandakan. Le Sultan de
Sulu ajouta Datu Bandaharan et Raja de Sandakan. Ceci donna Sir Alfred le
pouvoir absolu sur les territoires et les habitant du Bornéo septentrional.
La British North Borneo Company acquit les droits autoritaires de Sir Alfred
après avoir reçu une charte royale de la reine britannique Victoria, et devint
la « North Borneo Chartered Company » ou la compagnie anglaise de Bornéo
septentrional. Les gouverneurs de la compagnie étaient approuvés par la couronne
anglaise et un nombre de fonctionnaires anglais illustres, comme Sir Hugh
Clifford, Sir Ernest Birch et Lord Milverton commencèrent leurs carrières
distinguées dans les offices coloniaux du Bornéo septentrional.
La compagnie était intégralement britannique et ne pouvait pas transférer des
territoires sans autorisation de la couronne ; elle pouvait établir des
commerces mais elle ne n’avait pas droit au monopole. En bref, elle visait
l’exploitation pure et simple, et peu scrupuleuse du Sabah au profit des
actionnaires de la compagnie. Cependant la compagnie était aussi chargée de
l'abolition de l'esclavage, de l’introduction de la loi et justice tout en
tenant compte des lois existantes (adat) des indigènes, et elle n’avait pas le
droit d’inférer avec les religions des habitants.
Parmi les associés de la compagnie William C Cowie était un des plus illustres.
C’était un jeune Ecossai, ingénieur naval par profession, avec un rêve : il
voulait acquérir des territoires au Bornéo septentrional comme le faisait Raja
Brooke, un autre aventurier anglais, au Sarawak. Il arriva au Sabah par bateau
avec quelques amis dans les années 1870, et s’y installa, troquant des armes
avec les Sultans de Brunei et de Sulu tout en se faisant des amis très utiles des
Sultans. Le Sultan de Brunei le laissa s'établir à Labuan et le Sultan de Sulu
l’autorisa de fonder un petit poste commercial sur la côte Est du Sabah que
Cowie appelait Sandakan – qui devint le future centre d’administration et
commercial de la compagnie. Beaucoup plus tard, lorsque la compagnie était déjà
bien établie Cowie la joignit et devint son président. Il va de soi que ses
amicales relations personnelles avec les Sultans étaient un atout considérable.
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Jesselton (voir aussi
Kota
Kinabalu)
Remarquablement, dans la compagnie anglaise du Bornéo septentrional les révoltes
n’étaient pas l’ordre du jour. Les jeunes des familles des Sultans haranguèrent
le gouvernement de temps à autre à cause de leurs droits de naissance supprimés,
mais des soulèvements graves il n’y en avait guère. La révolte la plus sévère
c’était celle de Mat Salleh, un pirate d’origine incertaine : les uns disent
qu’il était un Suluk du Sud des Philippines, les autres enseignent qu’il était
un Orang Sungai de la région de Kinabatangan au Sabah, ou encore un Bajau de
Inanam près de Kota Kinabalu. Sa deuxième épouse était, selon l’histoire, une
princesse de la lignée des sultans de Sulu. Chose certaine, il était un rebelle
courageux et sans scrupules qui s’opposa à la supériorité des Britanniques qui
livrèrent, à son avis, les indigènes à une répression en achetant des
territoires pour les transformer en plantations et qui imposèrent des taxes,
entre autre sur le vin de riz… La compagnie anglaise surveillait Mat Salleh, qui
en même temps dans sa fonction de gouverneur local sur la Rivière Sugut
assujettit les indigènes pour son propre profit. Mat Salleh était finalement
capable d’organiser une révolte en recrutant des bandes de Kadazan et Dusuns. Il
leur promit de les libérer du lot des Anglais, une promesse qu’il ne put tenir
et par conséquence beaucoup d’indigènes perdirent leur vie dans des agressions
ultérieurement futiles car les occupants étaient les meilleurs préparés et
supérieurement armés.
La révolte de Mat Salleh commença en 1985 et finit avec sa mort près de Tambunan
le 31 janvier 1900. Son succès le plus célèbre reste l’attaque et la destruction
complète du poste commercial des Anglais sur l’île de Gaya en 1898. L’île fait
aujourd’hui partie du parc national Tunku Abdul Rahman au large de Kota
Kinabalu. Mat Salleh et son gang anéantissent le poste en l’attaquant, le
pillant et finalement en le brûlant complètement. Selon la tradition orale le
feu était visible depuis Sembulan, Tanjung Aru et même Putatan sur la côte de
Sabah et tout le monde écria « api, api (feu, feu) » ! Par la suite le nouveau
poste des Anglais, cette fois établi sur le territoire entre Tanjung Aru et
Sembulan en face de l’île Gaya, était connu informellement sous le nom de
Api-Api. Le nom persista car la nouvelle ville établie par Sir Henry Walker
était nommée Jesselton en mémoire de Sir Charles Jessel, un des premiers
présidents de la compagnie anglaise. Jesselton était un vocable beaucoup trop
difficile pour les indigènes… et le nom contemporain de Kota Kinabalu en
caractères chinois s’écrit toujours comme ‘Yapi Api - 亞庇 !
Le refuge de Mat Salleh était dans la région de Kampung Mengkabong près de
Tuaran ou quelques 25 kilomètres de la capitale du Sabah, Kota Kinabalu. Après
l’attaque du poste sur l’île de Gaya en 1899 Mat Salleh et ses hommes se
retirèrent dans son fort près de Tambunan, où les Anglais les mirent en siège.
Le 31 janvier 1900 les anglais attaquèrent le fort pour la dernière fois et les
rebelles affaiblis durent se rendre. Selon un témoignage des Anglais Mat Salleh
fut tué dans l’échange par une balle. Le fort fut immédiatement rasé par les
Britanniques et aujourd’hui seulement un monticule et une plaque commémorative,
et plus récemment un petit musée, indiquent l’emplacement de la dernière bastion
de Mat Salleh. Des légendes persistent autour du personnage presque mystique de
Mat Salleh, qui selon certains ne fut pas tué dans ce dernier échange mais
s’échappa et finit ses jours chez soi dans la région de Kinabatangan. Pour les
habitants du Sabah Mat Salleh n’était pas un vrai héros : beaucoup périrent dans
ses futiles guerres personnelles qui n’augmentèrent guère les conditions de vie
des indigènes. Aujourd’hui et très officiellement Mat Salleh porte pourtant le
titre somptueux du « premier lutteur du Sabah contre l’oppression britannique ».
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L’ère coloniale
La compagnie anglaise du Bornéo septentrional géra le Sabah jusqu’au début
de la seconde guerre mondiale. Après l’occupation japonaise, en 1945,
Sabah devint une colonie sous la couronne britannique, la compagnie
n’étant pas capable de reconstruire le pays dévasté par la guerre. La
destruction de son centre administratif, Sandakan, fut complète et
Jesselton, pourtant aussi dévasté par les bombardements des Alliés pour la
libérer des occupants japonais, devint la capitale de la nouvelle colonie.
Le gouvernement colonial continuait d’administrer, dans les grandes lignes,
d’administrer le pays comme la compagnie anglaise du Bornéo septentrional
et ne rencontra peu de problèmes. Le but du nouveau gouvernement était la
reconstruction et le développement du pays. |
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Indépendance
Les habitants du Sabah basaient leur sociétés, largement égalitaires, sur
parenté et affiliations tribales. Sous la compagnie anglaise du Bornéo
septentrional la chasse aux têtes fut interdite et le code légal des
indigènes (adat) fut « modernisé » mais au delà les occupants anglais ne
se mêlèrent guère d’avantage aux affaires tribales. La vie au Sabah
progressait à un pas lent et calme même sous l’administration coloniale et
c’était seulement dans les années 1960 qu’une conscience politique naquît.
En 1961 des idées d’indépendance arrivèrent au Sabah avec l’annonce du
Premier Ministre de la Fédération de la Malaisie, Tunku Abdul Rahman,
concernant la formation d’une plus puissante entité en joignant Malaya,
Sabah, Sarawak, Brunei et Singapore. La Fédération de la Malaysia, ou
Malaysia tout court, fut officiellement proclamée le 16 septembre 1963 et
le nom « North Bornéo » fut changé en « Sabah »,
l’ancien terme brunei pour cette région de Bornéo. Préalablement le Bornéo
septentrional, ainsi que le Sarawak, obtirent leur indépendance de la
couronne britannique le 31 août 1963.
En tant que territoire autonome sous la Fédération de Malaysia beaucoup
changea sur un niveau de l’administration et de la politique, et aussi sur
le niveau des relations sociales. Le pas du développement accéléra
considérablement et le Sabah entra le XXe siècle. Initialement des
frictions politiques surgirent entra le nouveau pays Malaysia et ses
voisins indonésiens et philippins. Les deux refusèrent de reconnaître
l’Etat de Sabah car ils en revendiquaient certaines régions et le conflit
déclencha en guerre frontalière sur Bornéo qui ne prit fin qu’en 1966 avec
la destitution du président indonésien Sukarno. Le gouvernement du Sabah,
en théorie autonome mais en pratique très sous l’influence du gouvernement
centrale de la péninsule connaît, jusqu’aujourd’hui, des troubles internes
entre les fractions de différentes ethnies et religions. Il ne semble pas
pouvoir se réconcilier pour en former une entité plus forte pour avancer
vers la gouvernance autonome promise lors de la création de la Malaysia,
très au détriment des autochtones. Cependant les indigènes restent pour la
majorité encore indifférent envers tous ces internes troubles politiques
et vivent une vie en paix et surtout en harmonie dans une société
multiculturelle d’origines et croyances diverses. |
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